Comment stabiliser un sol agricole argileux sans ajouter de liant ?

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Moins plastique, plus résistant, c’est ce qu’on peut exiger d’un sol agricole qui doit supporter les roues des tracteurs et le poinçonnement des sabots. Vous souhaitez stabiliser un sol argileux pour ne plus avoir de flaques et de trous, qui gênent le passage des engins et votre circulation. Vous avez peut-être pensé à cette solution « rapide » qu’on emploie parfois pour améliorer les performances géotechniques du sol : ajouter de la chaux ou du ciment à la terre argileuse.

Le principe est simple, on assèche et durcit la texture même du sol pour qu’il sature moins vite en eau et ne se déforme pas sous le poids des sollicitations. Mais ce genre de solution finit par avoir un coût pour vous (il faut répéter l’opération fréquemment) et pour l’environnement. Les liants chimiques posent des problèmes de durabilité des pratiques agricoles, de régénération possible des sols, sans parler des performances limitées dans le temps, face à des intempéries toujours plus imprévisibles.

Il existe des solutions mécaniques pour stabiliser des sols agricoles argileux, mais elles font parfois un peu peur… Parce qu’elles reposent sur l’infiltration des eaux dans le sol. Or, l’infiltration des pluies n’a rien de dangereux ni négatif, au contraire ! On ne cherche plus à rejeter l’eau (qui finit par s’accumuler ailleurs et creuser quand même la terre), mais à la faire descendre en profondeur, tout en conservant une couche supérieure intacte, sèche, portante et solide. Voici comment vous pouvez vous passer de liants pour stabiliser vos sols et résister à toutes les intempéries.

Stabiliser un sol boueux, qui se délie : le réflexe du liant (chaux, ciment)  

On parle d’allées piétonnes, de voies de passage pour vos engins agricoles ou encore de zones de stabulation extérieure. Des espaces essentiels dans une exploitation agricole, et que vous ne pouvez pas vous permettre de restaurer tous les ans parce que les sols se défont.

Ils forment des trous sous vos roues, des crevasses boueuses qui deviennent dangereuses pour vos animaux et pour vous… Cela peut être lié à une granulométrie fine, une texture très argileuse, un indice de plasticité élevé, et aggravé par la présence de matériaux organiques.

Comme ça se pratique depuis des millénaires – et qu’on en parlait jusque-là comme d’un choix plutôt viable, écologiquement – vous avez sans doute pensé à apporter un traitement à votre sol argileux. Un apport en chaux (ou un traitement hydraulique, au ciment) offre l’avantage de ne pas avoir à entreprendre des travaux de terrassement très lourds, tout en recyclant les matériaux déjà présents au sol. Mais ces solutions montrent aussi leurs limites :

La durée

Chaux ou ciment, vous ajoutez simplement un effet durcissant à la structure naturelle du sol. Mélange, tassement, compactage, on obtient rapidement un résultat solide tout en conservant l’aspect naturel du terrain. Point positif, sur le papier. Car c’est justement ce « naturel » qu’il faut interroger. Si votre sol avait naturellement des problèmes d’infiltration des eaux de pluie (boue, flaques, etc.), son comportement ne changera pas vraiment avec ces ajouts. L’eau ruissellera en surface et ira s’écouler ailleurs, dans un premier temps. Mais, sur la durée, l’effet flaque reviendra et il faudra recommencer le mélange, reboucher des trous, etc.

Limites environnementales

Plus vous modifiez la structure d’un sol (en répétant l’opération chaque année, par exemple), plus vous risquez d’éradiquer ses capacités à se régénérer.

En ajoutant par la suite du ciment, voire en passant à un enrobé bien résistant (comme ça finit souvent par arriver quand les autres liants ont cessé de fonctionner), vous allez fatiguer puis imperméabiliser vos sols. Ils perdent alors définitivement toutes leurs propriétés.

Prenez également en compte le fait que, plus votre sol sera fermé (ciment ou enrobé béton), plus il deviendra glissant. La pluie qui stagne et les déchets organiques rendront vos sols dérapants. Donc plus dangereux à emprunter.

Mise en place compliquée

Pour qu’une stabilisation avec traitement du sol soit efficace, vous devez faire appel à une étude technique, faire analyser en profondeur la structure du sol, sur plusieurs zones. Puis, faire appel à un professionnel pour la réalisation de l’ouvrage, qui sache trouver le dosage parfait de liant, adapté à votre sol.

À l’inverse, les solutions mécaniques de type pose de dalles stabilisatrices peuvent être prises en main directement par l’utilisateur, et posées très rapidement.

En fait, si ces techniques ne tiennent pas sur la durée, c’est qu’elles sont souvent pensées comme des rustines temporaires au moment où on les applique.

Préférez dans ce cas une approche systémique : plutôt que de modifier la structure de votre sol, on va choisir de l’accompagner, l’encadrer et l’améliorer. Tout en assurant sa tenue, mécaniquement.

Idée reçue Nº1 sur la stabilisation mécanique : aucune portance sous un poids lourd

Si on n’ajoute pas d’élément chimique à un sol profondément argileux, comment peut-on garantir que les roues des tracteurs ne vont pas s’y enfoncer ?

Il n’y a pas que le béton qui soit solide… En fait, la portance est une question de répartition des charges, plus que de dureté du matériau. C’est pourquoi, un système de dalles clipsées entre elles sous la couche supérieure du sol tient parfaitement sous le passage répété de gros véhicules. Le seul critère qui peut varier, c’est l’épaisseur de la dalle, qui lui offre une plus ou moins grande résistance.   

Idée reçue numéro 2 : le remplissage des dalles va partir au premier curage

Vous recevez vos dalles vides, vous les posez, les remplissez en minéral ou végétal, vous tassez… Et après ? On se dit naturellement que les matériaux vont voler au moindre coup de vent, décoller sous le passage des roues des engins agricoles ou carrément être arrachés lorsque vous venez nettoyer vos sols.

Mais c’est justement l’inverse qui se produit. Cette forme de dallage assure un maintien total des matériaux, là où ils sont. Rien ne s’envole, mais surtout rien ne descend sous le poids écrasant des véhicules lourds. Et c’est là toute la différence. La structure alvéolaire empêche le compactage et la remontée des matériaux de fondations.

Par ailleurs, comme vos sols ne bougent pas, ils se mélangent moins et réclament moins de travail de nettoyage. Pas de flaques, pas de pourrissement, les sols restent sains – et les pieds de vos bêtes aussi, par la même occasion.

Comment faire que l’eau ne soit plus votre ennemi

Le vrai problème d’un sol argileux, c’est que l’eau vient le déstructurer. Elle s’infiltre entre ses grains fins et le défait, ce qui crée très vite des crevasses un peu partout où vous passez.

La bonne solution, pour y répondre, ce n’est pas de sécher le sol… Mais d’accueillir l’eau en profondeur, plutôt que la laisser stagner en surface. C’est sans doute l’idée qui inquiète le plus au départ, parce qu’elle semble contre-intuitive.

La stabilisation par pose de dalles s’appuie entre autres sur le principe de drainage naturel. On suit quelques étapes essentielles pour préparer le sol et le fond de forme (léger décaissement à prévoir). Pose de géotextile pour qu’il n’y ait aucun mouvement des couches supérieures vers le sous-sol, avant l’installation des fondations drainantes. Ces couches de minéraux (graviers de granulométries différentes) offrent une excellente solidité à l’ensemble, tout en permettant à l’eau de descendre en sous-sol (et en la filtrant).

Le lit de pose ajoute encore un drainage supplémentaire, renforcé par les dalles en surface, selon les matériaux de remplissage choisis (organique, minéral).

À l’arrivée, vos sols agricoles absorberont les eaux de pluie ou des abreuvoirs sans rien laisser en surface. Vous ne craignez donc plus que la terre devienne boueuse, ni ne se creuse.

À quels sols agricoles peut-on appliquer ces systèmes ?

Un système de stabilisation mécanique, par dalles clipsées et remplissage minéral (ou organique, en extérieur) est compatible avec tous vos sols agricoles. Y compris les sols semi-couverts, les allées et chemins entre les pâturages, les parkings et zones de stationnement ou encore les voies de circulations d’engins agricoles.

Vous pouvez réaliser vous-même votre chantier de stabilisation agricole en suivant nos guides techniques. Ou vous faire conseiller par nos experts pour un résultat personnalisé.