Stabiliser le sol boueux d’une exploitation agricole : techniques et solutions durables

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Vous en avez assez de voir vos terres se transformer en bourbier à chaque pluie ? Fatigué de lutter contre l’érosion qui menace vos cultures et votre bétail ? Vous n’êtes pas seul. La stabilisation des sols boueux est un casse-tête pour de nombreux agriculteurs, mais elle est cruciale pour la sécurité, la praticité, et surtout, la durabilité de votre exploitation.

Mais attention ! Non, la solution ne consiste pas à tout recouvrir de béton ou de goudron ! Même sur un chemin ou dans une cour, on peut éviter cela.

Le mythe de l’assèchement et du compact

Commençons par déconstruire quelques mythes tenaces. Oubliez l’idée que vous devez assécher, lier, et compacter à tout prix, ou que la porosité est votre ennemie. Ces « solutions » traditionnelles peuvent sembler rassurantes, mais elles finissent souvent par aggraver les problèmes, conduisant à des catastrophes comme des glissements de terrain, de l’érosion en plus, ou des terres gorgées d’eau et inutilisables.

Quel est le vrai secret des sols agricoles stables ? La perméabilité. Oui, vous avez bien lu. Au lieu de repousser l’eau, nous devons l’accueillir.

Préparez-vous à explorer une approche innovante qui ne se contente pas de mettre un pansement sur le problème, mais qui travaille avec la nature (et non pas contre elle) pour créer un environnement agricole prospère, même dans les conditions les plus humides. 

Mais tout d’abord, zoom sur le phénomène qui nous agace.

Comprendre le Sol Boueux

Pour résoudre efficacement le problème des sols boueux, il est essentiel de comprendre les racines du problème.Pourquoi certains sols semblent-ils se transformer en marécages après la moindre pluie ? La réponse réside dans la composition même du sol et dans les processus environnementaux qui s’y déroulent.

La boue n’est rien d’autre qu’un mélange de matières sèches, comprenant des éléments organiques et minéraux, et d’une quantité excessive d’eau. Cependant, tous les sols ne réagissent pas de la même manière à la présence d’eau. La perméabilité d’un sol, c’est-à-dire sa capacité à filtrer et à drainer l’eau, est déterminée par sa texture et sa structure.

Par exemple, un sol avec une forte concentration d’argile, caractérisé par de fines particules, retient l’eau beaucoup plus facilement, créant des conditions parfaites pour la formation de boue. C’est la fameuse “terre amoureuse” qui colle aux bottes.

Il est important de noter que la formation de boue n’est pas limitée aux sols avec une riche couche de terre. Même les surfaces sablonneuses, comme celles que l’on trouve dans les manèges ou les carrières, peuvent devenir boueuses si les conditions sont réunies. La présence de végétation, de racines, et d’autres facteurs organiques peut également influencer la manière dont l’eau est retenue et libérée.

Cependant, la structure du sol n’est pas statique. Elle peut être altérée par diverses activités, comme le piétinement des animaux ou le passage de véhicules lourds, comme les tracteurs. Ces actions exercent une pression sur le sol, modifiant sa compacité et, par conséquent, sa capacité à gérer l’eau. Un sol qui perd sa structure cohésive devient moins fiable, moins stable, et plus susceptible de devenir boueux. Stabiliser un chemin sur lequel passent souvent des tracteurs n’est donc pas une perte de temps : c’est au contraire un moyen de contre-balancer une pression (purement physique) que l’on exerce sur l’environnement sans le vouloir.



Sol non stabilisé : des risques de sécurité

Un sol non stabilisé n’est pas simplement un désagrément. Il présente des risques sérieux en termes de sécurité, car il peut devenir extrêmement glissant et imprévisible, augmentant le risque d’accidents pour les humains et les animaux. De plus, un sol érodé peut contribuer à des problèmes environnementaux plus larges, comme le ruissellement des nutriments et des polluants vers les cours d’eau locaux, affectant la qualité de l’eau et la santé des écosystèmes aquatiques.

Votre responsabilité peut s’en trouver engagée.

En fin de compte, le défi n’est pas simplement de gérer l’eau de pluie, mais de stabiliser le sol de manière à ce qu’il puisse gérer efficacement l’eau qu’il reçoit. Cela implique de comprendre la nature unique de votre sol et d’appliquer des stratégies de gestion qui renforcent sa structure et sa résilience face aux changements environnementaux.

Ce qu’il faut savoir sur la perméabilité

Lorsque de grands acteurs (villes, industriels) cherchent à véritablement traiter un problème de sol pour un grand aménagement ou autre, ils vont souvent jusqu’à mener une étude de perméabilité des sols. “On peut réaliser au préalable des essais in situ afin de connaître la capacité d’infiltration du sol ou sa porosité ainsi que son comportement en présence d’eau, indique ainsi le guide “Etudes de la perméabilité des sol” édité par Adopta, l’association pour une gestion durable des eaux pluviales.

Et de mettre en avant le coefficient K de perméabilité d’un sol que l’on mesure alors et qui peut aller de 10 (pour du gravier pur gros et moyen – qui laisse passer beaucoup d’eau) jusqu’à 10 puissance – 11 (autrement dit 0,00000000001) dans le cas de l’argile.
Ce nombre d’ordres de grandeur ( de 1 à 11) donne une idée de la capacité d’un sol à résister (ou pas) à la pénétration de l’eau. Bien sûr, les enjeux autour d’un aménagement urbain qui supposent d’avoir étudié dans le détail les risques de ruissellement par fortes pluies (inondations) ne sont pas les mêmes que pour une exploitation agricole où il s’agit principalement d’éviter la boue et les mouvements de terrain (terre emportée par les pluies, etc.). Toutefois, la rencontre avec ce coefficient K que nous venons de faire et dont la taille peut varier à ce point donne une bonne idée du type de question qu’il faut se poser lorsqu’on observe la boue contre laquelle on veut lutter.

Les fausses bonnes solutions

Bien sûr, lorsque vous allez chercher sur internet “techniques de stabilisation des sols”, on vous parlera aussi de solutions de stabilisation chimique (ajout de réactifs, tels que la chaux, le ciment, ou les polymères, pour améliorer les propriétés physiques et chimiques du sol).
Avantages: Cette méthode peut considérablement augmenter la résistance du sol, réduire sa susceptibilité à l’eau, et améliorer sa capacité de charge.

Gros inconvénients: Les matériaux utilisés peuvent être coûteux et ont un impact environnemental, notamment en modifiant le pH du sol ou en introduisant des substances étrangères dans l’écosystème.

Est-ce vraiment parce que la boue vous gêne pour travailler que vous devez en passer par une modification irréversible de votre écosystème ?

Sur internet, on vous parlera aussi de toutes les solutions de compactage. Elles risquent hélas de renforcer le problème. Répétons-le. Ce n’est parce que vous transformerez votre sol en béton (au sens propre ou au sens figuré) que vous l’aurez rendu plus stable dans la durée.
L’eau qui ruisselle provoque toujours des dégâts à plus ou moins long terme (surtout avec le réchauffement climatique). L’eau qui s’infiltre proprement, elle, réalimente les nappes phréatiques.

La solution dalle perméable.

Bref. Face à toutes les situations que l’on rencontre dans une exploitation agricole où l’on se pose la question de stabiliser un chemin, une cour, une zone où séjournent des animaux, etc., la solution consiste plutôt à infiltrer l’eau sur place plutôt que l’évacuer sur les côtés.

Mieux vaut toujours songer à un dispositif de drainage judicieux. Un système que l’on peut construire avec des dalles telles que les dalles Ecoraster

La structure alvéolaire de cette dalle empêche le compactage et la remontée des matériaux de fondations, ainsi que la création de boue. Il convient néanmoins bien sûr de poser les dalles sur un sol qui aura été nivelé et nettoyé au préalable.

Ce dispositif est notamment idéal pour des chemins. « C’est un très bon produit, robuste et génial pour les pieds des vaches, explique ainsi Alexandra Gressent qui dirige la SCEA de la Source en Seine-Maritime (76) à Sainte Austrebethe. Le système ne glisse pas et est très agréable à marcher. Je recommande à 100%. »
Pour stabiliser un chemin d’accès à son exploitation, elle a choisi la dalle Ecoraster TE40, et ce sur 900 m2. 

De même, la ferme expérimentale de la Blanche Maison a choisi d’aménager un ancien chemin en mauvais état (ornières, boue, etc.) qui ne permettait plus d’assurer une circulation d’un troupeau de 90 vaches laitières en sécurité. Le chemin est en effet emprunté quatre fois par jour. 

“Les vaches passaient dans la boue, leurs mamelles étaient sales et d’un point de vue sanitaire, ce n’est pas bon, témoigne ainsi Lucie Morin, directrice de la ferme expérimentale”. En installant sur 1400 mètres linéaires des dalles ECORASTER TE 40, la solution a été apportée. 

Etude de cas

La mise en oeuvre de la solution dans ce cas est d’ailleurs intéressante à noter puisque deux solutions ont été testées. Les étapes ont été les suivantes :

PRÉPARATION DU TERRAIN : L’importance réside dans l’installation du système sur une surface nivelée, légèrement inclinée pour assurer un drainage efficace et durable. Un géotextile est déployé sur le terrain existant pour établir une barrière anti-contamination.

BASES : Ce sentier expérimental explore deux types de fondations. La première utilise une base drainante de 20/40, tandis que la seconde est dépourvue de fondation, servant ainsi de point de référence pour évaluer la longévité du chemin en comparant les deux méthodes.

DALLES : Les ECORASTER TE40, installées sur la base drainante, assurent à la fois le drainage et la flexibilité, contribuant au bien-être des animaux. Les dalles ECORASTER TP40, en revanche, sont installées sans fondation. Leur capacité de support est supérieure, et elles ont été sélectionnées dans un but expérimental.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, deux ans après l’installation, rien n’a bougé. A suivre donc… (pour ce qui est de la comparaison).

REMPLISSAGE : Pour assurer un drainage efficace et durable, surtout pendant les saisons de fortes précipitations, le remplissage a été effectué avec des graviers de taille 4/6.

En conclusion, les solutions pour la stabilisation d’un sol dans une exploitation agricole ont toutes à voir avec la façon dont sera gérée l’eau. La question est bien sûr celle de la structure du sol et la façon dont il produit de la boue.
Mais elle est surtout celle dont il peut laisser s’infiltrer l’eau sur place. Dès lors, les aménagements consisteront surtout à étudier le type de drainage dont on a besoin sous les dalles alvéolaires pour que l’eau s’évacue au mieux que le dispositif soit durable, dans tous les sens du terme.