Ces maladies du bétail qui prolifèrent dans la boue

maladie du bétail et sol humide

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Dans les sillons boueux des pâturages et des enclos, un ennemi invisible menace la santé de nos troupeaux. La boue, plus qu’une simple gêne sous les bottes des agriculteurs, est un vecteur insidieux de maladies qui peuvent ravager bovins, ovins et caprins. Alors que les bêtes s’y enfoncent quotidiennement, les risques sanitaires s’accumulent, souvent à l’insu de l’éleveur. La fièvre aphteuse, le piétin, la dermatite digitée contagieuse : ces termes techniques, bien connus des vétérinaires, devraient résonner comme des alertes pour tout responsable d’élevage. Ces maladies, capables de se propager avec une rapidité alarmante, peuvent entraîner des pertes économiques dévastatrices et compromettre le bien-être animal.

Hit-parade des maladies transmises par l’humidité des sols

La boue est le théâtre d’une guerre microscopique qui frappe sans distinction bovins, ovins et caprins. 

Fièvre aphteuse

Parmi les fléaux les plus redoutés, la fièvre aphteuse se distingue par sa capacité à se transmettre avec une virulence effarante, touchant principalement les bovins. Ce virus, qui se faufile à travers les particules de terre humide, provoque des lésions vésiculeuses douloureuses, une hyperthermie et une chute drastique de la production laitière, mettant à genou l’économie de l’exploitation.

La University Georgia Institute of Technology in Atlanta, a étudié les conditions de survie des virus de fièvre aphteuse :

  • 50 jours dans l’eau 
  • 24 semaines dans les boues de matières fécales dans des conditions hivernales sévères;
  • de 34 à 42 jours dans le fumier, à une température de 12 °C à 22 °C;
  • 21 jours dans l’eau de lavage des enclos;

Piétin

Dans le même sillage, le piétin s’attaque aux ovins et caprins, se manifestant d’abord par une rougeur insidieuse de l’espace interdigité, évoluant rapidement en une infection nauséabonde qui ronge la corne des sabots. Les animaux, pris de boiteries, refusent de se déplacer, entravant leur alimentation et leur reproduction.
Le piétin est une maladie qui s’attaque aux sabots des petits ruminants, et plus rarement, aux bovins. Elle est causée par l’action de deux bactéries anaérobies, Fusobacterium necrophorum et Dichelobacter nodosus.
La transmission de cette maladie ne se fait pas directement entre les animaux, mais indirectement via l’environnement contaminé. Les agents pathogènes sont amenés sur l’exploitation par le biais de nouveaux animaux (principalement), de matériaux ou encore de main-d’œuvre transportant ces agents. Les animaux infectés contaminent rapidement l’environnement de l’élevage. En se déplaçant, ils vont étaler les agents sur les différentes surfaces comme les stabulations, les chemins ou les pâtures.

L’humidité du sol joue un rôle crucial dans la transmission de cette maladie. En effet, lorsque la peau entre les onglons est maintenue chaude et humide, les bactéries responsables du piétin pénètrent l’épiderme puis infectent le pied. De plus, l’humidité de la litière favorise également le développement des bactéries.

Il est donc essentiel de maintenir un environnement propre et sec pour prévenir la propagation de cette maladie.



Dermatite digitée contagieuse (maladie de Mortellaro)

Quant à la dermatite digitée contagieuse (voir aussi maladie de Mortellaro), elle représente un défi particulier dans les troupeaux mixtes. Cette infection bactérienne, bien que moins connue, n’en est pas moins une menace sérieuse.

C’est une affection podale débilitante qui touche principalement les bovins laitiers. Caractérisée par des lésions douloureuses au niveau des pattes, cette maladie bactérienne se manifeste par des ulcérations et une inflammation entre les onglons, souvent accompagnées d’une odeur nauséabonde. La transmission se fait via le contact avec des surfaces contaminées, rendant les environnements humides et boueux des élevages des foyers propices. Les répercussions sont graves : boiterie, baisse de la production laitière et réduction de la longévité des animaux, posant un défi majeur pour le bien-être animal et la rentabilité des exploitations.La gestion de cette maladie nécessite une identification précoce et une stratégie de traitement adaptée, souvent compliquée par la diversité des espèces au sein d’un même élevage.

Mieux vaut prévenir que guérir

Dans la lutte contre les maladies du bétail véhiculées par la boue, l’assainissement et la gestion rigoureuse des enclos se révèlent être des mesures préventives cruciales. Un nettoyage méticuleux et régulier des zones où le bétail se rassemble, notamment les aires d’alimentation et les points d’eau, est essentiel pour limiter la propagation des agents pathogènes.
Par ailleurs, la vaccination joue un rôle prépondérant dans la prévention des maladies telles que la fièvre aphteuse. Bien que tous les vaccins ne garantissent pas une immunité absolue, ils constituent une barrière efficace contre les épidémies les plus dévastatrices.

Les mesures prophylactiques ne se limitent pas à la vaccination. Elles englobent également l’administration régulière de traitements antiparasitaires et l’application de bonnes pratiques d’hygiène, comme le nettoyage et la désinfection du matériel et des véhicules entrant dans l’exploitation. De plus, la rotation des pâturages est une technique agronomique bénéfique, permettant de préserver la santé des sols et de réduire la pression parasitaire. En évitant la surpopulation des animaux sur une même parcelle, on limite les contacts avec les agents infectieux présents dans la boue et les déjections.

Enfin, l’amélioration des infrastructures, telle que la construction de sols bien drainés et l’installation de systèmes d’évacuation des eaux efficaces, est fondamentale. Ces aménagements contribuent à un meilleur contrôle de l’humidité dans les zones à haut risque et à la prévention de la formation de boue. En somme, une stratégie intégrée combinant assainissement, mesures prophylactiques et gestion intelligente des pâturages est indispensable pour protéger le bétail des maladies et assurer la pérennité des exploitations agricoles.

Des infrastructures bien drainées

Mettre en place des infrastructures drainantes adéquates relève donc d’une stratégie durable et intéressante. Ces systèmes permettent de réduire l’humidité excessive, un facteur clé dans la propagation de maladies et le stress des animaux. Une bonne infrastructure drainante commence par la conception de sols perméables qui facilitent l’évacuation rapide des eaux de pluie et des déjections, limitant ainsi les zones de stagnation d’eau et la prolifération de bactéries pathogènes.

L’utilisation de matériaux adaptés, tels que des dalles spécialement conçues pour le bétail, permet non seulement un drainage efficace mais aussi un confort accru pour les animaux, réduisant les risques de boiterie et d’autres problèmes podaux. Il est également important de prévoir des pentes douces vers des canaux de drainage ou des systèmes de collecte des eaux, pour éviter l’érosion du sol et le lessivage des nutriments, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des animaux.

La maintenance de ces système ? Elle est relativement simple. Elle inclut le nettoyage des grilles et des canaux de drainage pour prévenir les obstructions qui pourraient entraîner une accumulation d’eau (raclage, arrosage). De plus, l’ajout de litières organiques peut contribuer à la santé des pattes en fournissant une surface sèche et confortable, tout en absorbant l’excès d’humidité.

Enfin, il est important de noter que chaque élevage est unique et que les solutions doivent être conçues en fonction des besoins spécifiques des animaux et à la configuration des lieux. Une évaluation par les conseillers d’ECOVEGETAL peut aider à déterminer les meilleures pratiques et matériaux à utiliser pour chaque situation spécifique.

En intégrant ces principes de drainage et de confort, les éleveurs peuvent non seulement améliorer le bien-être de leurs animaux mais aussi optimiser la santé globale de leur élevage, contribuant ainsi à une meilleure prophylaxie et à une production durable.